Les "vrais" cercles seraient différents des "faux".

Publié le par Camille

Avec la sortie du film " SIGNS " chez Gaumont, avec un acteur phare Mel Gibson, les crop circles sont à nouveau propulsés sur le devant de la scène médiatique et font le bonheur financier des média. Un VSD n°5 HS spécial "Ovnis" d'octobre 2002 en profite un maximum.. Le 11 octobre Bernard Thouanel en fait la promo sur France2, dans l' émission de Sophie Davant , égrenant au passage quelques énormités qu'il n'osa pas publier dans son VSD.
Le 13 octobre sur Europe 1, Marc Menant célèbre promoteur de la gogologie l'invite de 11h à midi en compagnie de Marie Thérèse de Brosse, journaliste versée dans l'insolite (abduction, vague belge,...). Nos deux doctes personnages ne manqueront pas d'ajouter leur touche très personnelle au mystère. Ce même jour, l'émission "E=M6" fait sa pub et un mini sujet sur les crops (rappelant intelligemment que les blés ne peuvent physiquement être couchés par aucun champ électro-magnétique), ceci peu de temps après l'émission sur 13rue qui fit son  accroche avec les crops (sujet juste effleuré, quelques minutes sur toute l'émission).
 
Puisqu'il en est ainsi, profitons de ce soudain regain d'intérêt pour mettre quelques points sur les i. On a beau savoir que la majorité (on entend parfois 80%) des crop circles qui ont existé est fabriquée par des hommes (les céréalogistes les nomment "faux cercles"), il y a toujours quelqu'un pour affirmer que certains cercles (ou signes) sont des "vrais" et qu'ils sont inexplicables par une action humaine pour les principales raisons suivantes :
  • Les "vrais" cercles seraient différents des "faux".
  • Historique : des cercles datant des années 60 montreraient qu'il ne peut s'agir de quelques farceurs d'une même génération.
  • Temps d'exécution trop rapide. 
  • Absence de trace de fabrication humaine.
  • Structures complexes, parfaites, mettant en oeuvre des connaissances mathématiques poussées.
  • Vision et enregistrements vidéo de lueurs dans les champs où l'on trouve ensuite des "signes ou cercles". 
  • Effets insolites sur les visiteurs dans les cercles "vrais" : chiens qui refusent d'y entrer, survol évité par les oiseaux, pannes de cameras et de portables, bruits insolites, sensations étranges, ...
  • Effets et anomalies allégués par des scientifiques :
  • traces de métaux fondu à plus de 500°c , sol chauffé à plus de 800°,
  • pousse des graines anormale,
  • explosion ou étirement des noeuds,
  • absence de cassure des tiges,
  • animaux morts retrouvés dans les cercles, ...  
Simples ronds à l'origine (1978), les crop circles sont devenus des pictogrammes (1990) puis de véritables dessins figuratifs (2000) en moins de 20 ans.
Soit les vortex plasmatiques deviennent très intelligents aujourd'hui, soit les ET étaient très idiots hier. A moins que des hommes n'aient simplement perfectionné leur art de la farce ?
 

Qu'en est-il en réalité ?

A/ "Vrais" cercles :
Aujourd'hui, pour Pat Delgado et Collin Andrews, céréalogistes de la première heure, les "vrais" sont simples (cercles avec satellites, voire anneaux comme dans les années 1980) et les plus complexes sont des "faux" manifestes, faits par des hommes. Mais pour d'autres, comme le Dr Levengood et ses partisans, le cercle de Milk Hill en 2001 serait un vrai. On est loin du consensus chez les tenants d'un phénomène insolite puisqu'ils ne sont même pas capables de définir scientifiquement ou précisément ce qu'est un "vrai cercle". Dès lors, il n'existe AUCUN vrai phénomène défini et tout ceci n'est que rumeurs et mythe pour touristes. Alors exit du mystère des signes ? Nenni.
Même si l'histoire des crop circles est parsemée de "faux" qui ont été pris, interview à l'appui, pour des "vrais", de céréalogistes (les mêmes que l'on voit encore présentés comme experts par des média amnésiques) qui se sont fait berner dans les grandes largeurs par des canulars visant parfois à les piéger,
Chaque année, les mêmes arguments sont avancés pour soutenir un mystérieux phénomène et faire oublier que nul partisan du "mystère" n'est capable de proposer quelques caractéristiques simples et précises qui le définiraient sans faillir.
 
Voici donc les étrangetés mises en avant, les arguments qui seraient le faisceau d'indices concordants d'un mystère des signes céréaliers ou "vrais" crop circles .
B/ Historicité :
Si l'on amalgame tout et n'importe quoi par un seul critère commun sans tenir compte des différences et du contexe, il est aisé de dire que la connaissance de la puce électronique en silicium remonte de la préhistoire parce que Cromagnon et Néanderthal utilisaient des silex fait de silice et que  ces deux instruments sont l'oeuvre de la technologie humaine. C'est avec de tels procédés que l'on associe les nids de soucoupes des années 65 en Australie ou aux USA alors que les crops sont d'origine U.K et plus récente, les verses de blés plus ou moins régulières qui existent depuis que les céréales existent (qu'elles soient traditionnellemet dues au vent ou plus récemment aux excès d'azote), les cercles causés par des champignons qui agissent sur la pousse des cultures (mycéliums annulaires), les cercles d'origine archéologique, les cercles et couchages imparfaits causés par les animaux, les "cercles" ou patatoïdes causés par des vortex d'air (dust devil d'été, mini tornades) avec les crop circles des années 1978 à 2002.
Désormais dès que quelqu'un se souvient de céréales couchées avec une forme à peu près symétrique ou régulière, c'est un SIGNE de l'historicité du mystère ! Europe 1 donnait la parole à un témoin qui avait 14 ans (dans les années 60) et qui se souvenait d'une partie de céréales couchées approximativement en 1 heure et que les "épis y étaient tressés comme dans les crop circles ". Impossible d'aller vérifier de tels dires ou les causes (culte local des moissons, malveillance, sorcellerie, jeu, ...). L'histoire du "diable du Hertfordshire", relatée en 1678, est souvent citée pour faire artificiellement remonter le phénomène à des temps reculés. C'est ignorer que l'illustration de ce texte ne montre nullement un cercle, que les céréales y sont fauchées mais pas couchées comme dans les agrogrammes (aucun rapport donc) et qu'il s'agit d'un pamphlet qui illustre un autre phénomène : la lutte des classes, au XVIIeme siècle, entre pauvres ouvriers fermiers et riches propriétaires terriens. A cette époque, faucher c'est se payer sur la récolte, voler discrètement le propriétaire. Les céréalogistes, eux-mêmes, rejettent raisonnablement cette anecdote que trop d'auteurs ou journalistes, peu scrupuleux, donnent encore comme argument trompeur au lecteur sous informé. Lire sur le Mowing Devil Pamphlet . Peu importe ! Causez, fabulez et il en restera bien un morceau qui ira s'agglomérer au mythe céréalogiste comme un fait, comme une nouvelle caractéristique d'un phénomène qui n'en n'a pas.
 
Il suffit de regarder un "nid de soucoupe" et de comparer avec un signe céréalier pour voir l'ineptie de la comparaison. Toutefois le phénomène crop circle  a bel et bien évolué constamment en complexité dans le temps (une prédiction qui avait été faite par les membres de VECA en 1989). Ils sont devenus tellements variés que le terme de cercle en est devenu rapidement désue ; celui de signe ou motif , voire d'agrogramme ou agroglyphe, lui serait aujourd'hui préférable. Il suffit pour s'en convaincre de regarder les motifs dessinés en 1989-90 pour voir que des structures linaires (rectangulaires) apparaissent, chose qui n'existait pas avant : ils furent dès lors nommés pictogrammes. Aujourd'hui nous en sommes à avoir un nombre de motifs, géométriques ou pas, tel qu'il serait fastidieux et inutile de les énoncer.
 
Derrière ces dessins, il y a un dessein ; que derrière ces motifs, il y a une motivation, un mobile. Fin des années 1980 à début 1990, il était clair : faire mentir les thèses pseudo-scientifiques de Terence Meaden, Pat Degado, Collin Andrews.
Quand G.Terence Meaden écrivait que la majorité des cercles originaux étaient anti-horaires (lévogyres) comme le prédisait sa théorie des vortex météorologiques (jamais démontrée), comme par malice une majorité de cercles apparaissaient avec des couchages horaires (dextrogyres) ; Paul Fuller avançait que les cercles vrais étaient imparfaits, ils devinrent des perfections géométriques ;  Mr X annonçait qu'il ne pouvait y avoir tel ou tel détail, le détail apparaissait. En clair, une intelligence bien humaine, qui savait lire et se procurer les publications (des G.Terence Meaden, Paul Fuller, Collin Andrews, Pat Delgado et autres céréalogistes autoproclamés) se payait la tête de ces scientifiques qui prenaient ces dessins trop au sérieux.
Pour le plaisir de voir que d'autres s'en sont aussi aperçu.
 
Aujourd'hui, c'est à un challenge que nous assistons. Chaque signe céréalier est un concours de complexité et d'esthétique. Nous sommes bien face à des intelligences, celles d'artistes  techniciens du couchage des céréales doublés de géomètres ou mathématiciens. Déjà en 1990, l'idée d'un rituel mis en place par des étudiants (issus probablement de grandes écoles, éventuellement militaires) pour fêter leur diplôme ou sortie d'école était dans les esprits. Elle semble aujourd'hui toujours d'actualité.
Le secret est une notion très militaire, la notion de rituel aussi. Celle de concours entre promo ou écoles rivales est très british, et les connaissances (géométrie, maths) mises en jeu ne nécessitent au maximum qu'un niveau universitaire (les suites de Fibonacci, les fractales n'exigent pas une intelligence extra-terrestre !). Nul média ne semble avoir eu envie de creuser dans ces milieux là.... On ne tue pas la poule aux oeufs d'or, on les vend  même en sachant que de tels oeufs sont maquillés.
 
En tout cas ces signes montrent une intelligence moqueuse, imaginative, active, créative qui possède du temps libre et aime passer des nuits blanches. On en revient aux étudiants qui ont leur vacances de  juin-juillet à septembre-octobre et, évidemment, aux retraités. Nous savons qu'il y eut deux retraités farceurs, les faiseurs de cercles Doug Brower et Dave Chorley, qui se sont démasqués en 1991 en déclarant être à l'origine des tout premiers cercles de 1978. Nous savons aussi qu'il existe un site internet des "circles makers" dont le but avoué est ce challenge du plus beau signe (il faut ABSOLUMENT que vous alliez découvrir Circle Makers . Bizarrement aucun média ne vous en parle ni ne cherche l'origine de la création et la raison de la persistance de ce mouvement (pas plus que celle du LandArt)  !   Allez, encore une petite pour la route...
 
 
On aurait avec cette hypothèse des fins de promo de grandes écoles une explication de la persistance et de l'étalement au fil des décennies de ce phénomène et aussi de son origine majoritairement très localisée : étendue géographiquement initialement au Sud de l'Angleterre, essentiellement dans le Wiltshire. C'est le cas aujourd'hui encore.
 
Pour les dessins céréaliers apparus à l'étranger, ils sont plus des amusements sporadiques (d'une facture souvent médiocre qui montre bien un manque d'entraînement) liés à la médiatisation mondiale d'un phénomène indéniablement "typicaly british" durant toutes années de son histoire. Cette dernière vraie caractéristique dérange les tenants de thèses exotiques ou insolites. On tente de nous la faire oublier en déviant notre regard ailleurs. A propos du "cercle" français de Gongelfang en 2002
 
C/ Temps d'exécution rapide :
 
On resasse cet argument depuis longtemps. Or seuls un ou deux cas, sur des milliers de figures connues, sont apparemment associés à des récits qui permettent de donner une estimation de durée horaire, en heures et minutes, à la création de ces cercles. En faire une caractéristique des signes céréaliers est un non sens mais est évidemment indispensable pour que le public mal informé adhère à l'idée de "mystère".
 
On cite souvent cet unique cas : "le 17 juillet 1996 un des plus beaux et plus spectaculaire crop-circles jamais trouvé en Angleterre s'est formé sur un champ pas loin de Stonehenge. Il avait une longueur de 300 m et était composé de 149 cercles. A 17H30 un pilote privé ainsi que son passager, un médecin, ont survolé la région. Une demi-heure plus tard, le pilote à de nouveau survolé la même région et s'est aperçu de la formation. Le médecin, en empruntant la route de Stonehenge pour rentrer chez lui à remarqué que plusieurs voitures s'étaient arrêtées près du champ  pour contempler ce chef-d'oeuvre. Ni le pilote, ni le médecin n'avaient remarqués cette formation lors de leur premier passage .
 
Il est relaté avec de nombreuses variantes :
"En 1996, un pilote qui survolait Stonehenge a découvert dans un champ proche de ce site une énorme formation en forme de fractale constituée de 145 éléments différents. Ce pictogramme ne s'y trouvait pas 45 minutes auparavant
 
On lira ou entendra dire ici ou là "15 à 20mn" et même "quelques minutes".  Il y a clairement un gros doute sur la fiabilité de ces durées de création (pas de mesure où le début est observé de manière certaine ; prise de conscience après coup de la réalisation du crop d'où un temps de création forcément estimé de mémoire par les témoins ; déformation par la rumeur au fil du temps ;  ... ).
  • Bon, ne chipotons pas et acceptons ces "quelques dizaines de minutes" comme un fait. Cela ne prouverait malheureusement rien ! Le médecin et le pilote dans l'avion ne se sont évidemment pas souciés (au moins à l'aller puisque le C.C n'y était pas encore) de la présence d'une troupe de "touristes", vue dans les champs proches d'un site historique comme Silbury Hill. Et ces touristes vus au retour pouvaient très bien être des faiseurs de cercles. Toute l'illusion est là !
  • Plus il y a de faiseurs de cercles, plus l'exécution du motif est rapide.
  • Si l'on vous demande d'abattre 20 arbres et que vous n'êtes pas bûcheron, il vous faudra beaucoup plus de temps pour le faire qu'un bûcheron, idem pour reproduire fidèlement un dessin si vous n'avez aucune technique ou entraînement. Toute estimation faite par des personnes qui n'ont jamais fait des cercles ou qui n'en sont qu'à leur premier coup d'essai n'est donc pas à utiliser comme référence du temps qu'il faut effectivement à des personnes entraînées pour effectuer un signe complexe. Quel céréalogiste a fait appel à de telles compétences avant de parler de la mystérieuse briéveté de leur création ?

Publié dans UFOLOGIE

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