Les conséquences écologiques et économiques d'une alimentation basée sur la viande

Publié le par Camille

Les conséquences écologiques et économiques d'une alimentation basée sur la viande


La production mondiale de viande augmente



Production mondiale de viande:

1990: 170 millions de tonnes
1993: 190 millions de tonnes
1994: 194 millions de tonnes
1997: 210 millions de tonnes



En 1997, 210 millions de tonnes de viande ont été produites, dont 600 000 tonnes pour la Suisse. Dans notre pays, la quantité de viande consommée par personne a d'ailleurs dépassé celle du pain (cela est le cas dans de nombreux autres pays). Ceci a d'énormes conséquences écologiques et économiques au niveau mondial. Malheureusement on n'y prête que peu d'attention.



L'excès de purin cause la mort des forêts


Les dernières recherches scientifiques montrent clairement que les élevages massifs d'animaux pour la boucherie et la production de lait constituent une des principales causes de la mort des forêts. Le biologiste Dr. Hans Mohr affirme dans "Spektrum der Wissenschaft" de janvier 1994: "Après 10 ans de recherche sur les causes de la mort des forêts, il est apparu qu'un des facteurs responsables est la quantité excessive de nitrates, particulièrement d'ammonium, dans l'atmosphère. Il est donc prioritaire d'en réduire la quantité dans les activités agricoles. [...] Un problème crucial est le traitement des quantités croissantes d'excréments animaux et humains."

De nos jours, les excréments humains sont traités pour la plupart dans des usines d'épuration. Par contre les déjections d'animaux sont toujours épandues sur les champs.


Les émissions d'ammoniac dues à l'agriculture proviennent à 90% du purin et du fumier.



L'azote (N), disséminé sous forme d'ammoniac (NH3), responsable en grande partie de la mort des forêts, est causé à 85% par les excréments du bétail. L'azote, qui est le principal nutriment pour les prairies, les forêts et la vie aquatique, peut mener à une sur-fertilisation s'il est présent en excès. Ce phénomène a hélas été constaté trop tard. En effet, les forêts ont d'abord poussé plus rapidement, avec le surplus d'azote, puis ont commencé à dépérir lorsque le sol est devenu saturé.

En 1992, le comité de recherche du gouvernement allemand chargé d'étudier la préservation du climat est parvenu aux mêmes conclusions. Sur le sujet des émissions d'ammoniac, il a publié un rapport: "Les changements climatiques menacent le développement national":

"Les émissions de NH3 sont dues à 90% à l'agriculture et à 80% au bétail, et ce tant pour l'Allemagne que pour les pays de l'Europe de l'ouest et même globalement. 528 000 tonnes d'ammoniac sont émises chaque année en Allemagne, on en trouve dans les élevages, sur les champs et dans le stock de fertilisants organiques. [...] Les quantités d'ammonium et d'azote rejetées pourraient être réduites en diminuant le nombre d'animaux de boucherie, en changeant le mode d'alimentation, et en diminuant l'épandage de purin. [...] C'est non seulement souhaitable d'un point de vue écologique, mais également d'un point de vue économique."

Pour donner une idée des conséquences économiques de la mort des forêts, on peut calculer le coût de la déforestation autour de la station de Davos. La destruction partielle des forêts coûterait 267 millions de francs suisses, la destruction complète 508 millions. Le remplacement des forêts par des barrières anti-avalanches entraînerait un coût de 415 millions.



Pollution des eaux


L'ammoniac n'a pas seulement des conséquences néfastes sur les forêts, mais aussi sur l'eau. La sur-fertilisation cause la prolifération excessive d'algues, qui à leur tour absorbent l'oxygène de l'eau. Les élevages intensifs d'animaux, qui sont indépendants du sol, produisent de telles quantités de purin que les eaux souterraines sont sérieusement menacées. Par exemple le lac de Sempach en Suisse, de même que le lac de Baldegg, sont oxygénés artificiellement avec des immenses pompes. Environ 50% de la pollution des eaux en Europe est due aux élevages massifs d'animaux. Les nitrates issus de l'agriculture ont pénétré si profondément dans le sol que certaines marques d'eaux minérales ne répondent plus aux normes de qualité exigées pour l'eau potable. Aux Etats-Unis la part de la pollution des eaux due à l'agriculture est plus importante que celle due aux villes et aux industries réunies!



Excès d'acidification des sols


L'ammoniac et l'oxyde d'azote sont en grande partie responsables de la sur-acidification des sols. Ce phénomène a pris une telle ampleur qu'aux Pays-Bas, en 1989 déjà, les autorités se sont préoccupées du problème. Voici les résultats de l'Institut néerlandais pour la santé et la protection de l'environnement: "Les nitrates qui proviennent du purin diffusent de l'ammoniac dans l'air, sont des poisons pour l'environnement. Ils causent en partie les pluies acides et autres dépôts contenant des acides. En Hollande, la plupart des précipitations émanent des gaz d'ammonium provenant des élevages de bovins - ils causent plus de dommages au pays que les automobiles et les industries".



L'effet de serre


Jusqu'à présent ce sont principalement le trafic automobile et l'industrie qui ont été rendus responsables de l'effet de serre. L'influence d'une agriculture basée sur les élevages intensifs d'animaux a été négligée. Ernst U. Von Weizsäcker, chef de l'Institut Wuppertal pour le climat, commente: "L'impact de l'élevage de bovins sur l'effet de serre est le même que celui du trafic automobile si on considère les effets de la déforestation pour la transformation en pâturages pour les bovins d'élevage. [...] La transformation de savanes en déserts, l'érosion des montagnes, les besoins gigantesques d'eau pour les élevages de bovins, l'énorme quantité d'énergie nécessaire à l'engraissement des animaux sont les conséquences désastreuses de notre appétit pour la viande!" L'effet de serre est causé entre autres par trois gaz: le méthane, le dioxyde de carbone et l'oxyde d'azote. Tous les trois proviennent des méthodes d'élevage de masse du bétail. 12% des émissions de méthane sont dues au 1,3 milliard de bovins vivant en permanence mondialement. L'élevage du bétail produit 115 millions de tonnes (115 000 000 000 kg) de gaz de méthane annuellement. L'effet est d'autant plus désastreux que l'on sait qu'une molécule de méthane contribue 25 fois plus à l'effet de serre qu'une molécule de dioxyde de carbone.



Gaspillage de ressources


Les consommateurs qui sont responsables de la production de viande sont également responsables du gaspillage de ressources. Pour produire un kilo de viande, il faut la même surface de terre que pour cultiver 200 kg de tomates, ou 160 kg de pommes de terre, dans le même laps de temps. En Suisse, approximativement 67% des terres cultivables sont utilisées pour l'élevage du bétail et pour la culture des céréales destinées à le nourrir. Environ 100 litres d'eau sont nécessaires pour produire 1 kg de céréales. La production de viande nécessite 2 000 à 3 000 litres d'eau.



Gaspillage de nourriture


7 à 16 kg de graines de soya sont nécessaires pour produire 1 kg de viande. Voilà bien la manière la plus efficace de gaspiller la nourriture! Cette extension artificielle de la chaîne alimentaire due à la transformation de céréales en viande entraîne une perte de 90% des protéines, 99% des hydrates de carbone et 100% des fibres. En plus, seule une petite part du corps de l'animal abattu est utilisée pour produire la viande consommée: 35% du poids d'un bovin adulte, 39% d'un veau (sans les os). En Suisse, 57% des cultures sont destinées à la nourriture des animaux (en 1990). Aux Etats-Unis, cette proportion s'élève à 80% (pour nourrir 8 milliards d'animaux dits de boucherie). 90% du soja est utilisé pour nourrir le bétail au niveau mondial. A peu près la moitié des céréales produites mondialement est destinée à nourrir les animaux pour la production de viande. Si les américains consommaient 10% de viande en moins, la quantité de céréales économisée pourrait nourrir 1 milliard de personnes souffrant de la faim. Environ 1 200 000 tonnes de nourriture concentrée est distribuée au bétail en Suisse, des céréales pour la plupart. La Suisse peut se permettre un tel gaspillage, ce qui n'est pas le cas des pays en développement: la FAO rapporte qu'en 1981, 75% des céréales en provenance des pays en développement ont été utilisées comme aliments pour les animaux d'élevage. Mais les cultures indigènes sont également en compétition avec les cultures mondiales pour le bétail: En Egypte, durant les 25 dernières années, les cultures de maïs comme fourrage ont remplacé en partie les cultures de blé et de millet qui constituent de la nourriture de base pour humains! La part des cultures destinées à la nourriture animale est passée de 10% à 36%.

Le même phénomène s'est produit dans les autres pays qui ont augmenté leur consommation de viande. Dans les années 1950 à Taïwan 170 kg de céréales par tête d'habitant étaient nécessaires pour nourrir la population. En 1990, la consommation de viande et d'œufs a été multipliée par six. En conséquence, le besoin en céréales est passé à 390 kg à cause de l'extension de la chaîne alimentaire. Taïwan ne peut satisfaire cette demande croissante qu'en important des céréales, malgré une hausse des récoltes indigènes. Alors qu'en 1950 Taïwan était exportateur de céréales, en 1990 il est importateur pour les besoins de nourriture du bétail. La même situation est constatée dans l'ex-URSS: la consommation de viande a triplé depuis 1950 et la demande de céréales pour les animaux a quadruplé. En 1990 le bétail en ex-URSS a consommé trois fois plus de céréales que les être humains. Les importations de céréales comme nourriture pour animaux sont passées de zéro en 1970 à 25 millions de tonnes en 1990. Les pays de l'ex-URSS sont devenus les deuxièmes importateurs mondiaux de céréales pour animaux.



L'économie


Comment est-il possible que la consommation de viande augmente encore au niveau mondial, en dépit des conséquences dramatiques d'une alimentation à base de produits carnés? Hormis quelques raisons d'ordre psychologique et social largement dues aux effets de la publicité (par exemple: la viande donne la force etc.) il est un aspect qu'il ne faut pas sous-estimer: l'argent. A première vue, cela paraît être un non sens: dans des conditions normales, un secteur de l'économie qui cause la destruction de nourriture et de ressources devrait s'être effondré depuis longtemps. En réalité, les coûts de l'industrie mondiale de la viande n'ont depuis longtemps plus de relation avec ses avantages.



Les coûts sont reportés sur les contribuables


Une des raisons pour lesquelles l'industrie de la viande se maintient est que si les revenus de ce business sont transférés aux particuliers, les coûts sont par contre reportés sur le public (donc sur les contribuables). Ce phénomène est bien connu pour d'autres branches de l'économie, par exemple l'industrie de l'automobile. Il n'y a pas de transparence des coûts dans l'agriculture, qui ne sont pas répercutés sur les prix. Selon les estimations faites par le renommé Worldwatch Institute de Washington, le prix de la viande devrait être doublé ou triplé si on prenait en considération des coûts incluant l'utilisation de l'énergie fossile, de l'eau de source, la pollution chimique du sol et l'émission de gaz comme l'ammonium et le méthane. Ceci sans compter les coûts des maladies causées par la consommation de produits animaux.



La folie subventionnée!


Contrairement aux autres secteurs de l'économie, l'industrie de la viande est subventionnée dans presque tous les pays parce qu'elle n'est pas rentable (même en répercutant les coûts). En Suisse, le gouvernement utilise environ 84% des subventions à l'agriculture pour soutenir la production de viande, les produits laitiers et les œufs. Seulement 16% sont disponibles pour la production de nourriture végétale. Dans aucun autre secteur du marché les règles sont aussi distordues que pour l'agriculture. Pouvez-vous imaginer une compagnie privée qui reçoit davantage de subsides de l'Etat qu'elle n'en encaisse par la vente de ses produits? Ceci même si la vente de ses produits est garantie par l'Etat? Toute l'économie des pays du bloc de l'Est s'est effondrée avec une telle politique. Dans les pays à économie de marché, ce système n'est appliqué qu'à l'agriculture.



Les dépenses fédérales pour assurer les prix et les ventes en 1996 en Fr. suisses:

Pour l'industrie du bétail:
1 062,4 millions
(79,5%)
Pour la culture de plantes:
274,2 millions
(20,5%)
 


77% des revenus de l'agriculture suisse proviennent des subventions directes et indirectes de l'Etat. Cela coûte à l'Etat chaque année 7 milliards. Il y a 3 500 personnes qui travaillent dans la bureaucratie agricole en Suisse, ce qui entraîne une dépense de 900 millions de francs par année, rien que dans le soutien à de telles organisations agricoles. 99,5% sont destinés pour les éleveurs de bétail. On constate la même situation dans les autres pays industrialisés. L'industrie du bétail n'est pas seulement soutenue nationalement, mais également internationalement: depuis 1963 jusqu'à 1985, la Banque Mondiale a injecté 1,5 milliards de dollars dans l'industrie de la viande en Amérique latine, en grande partie pour financer les immenses élevages de bovins. Malgré le fait que les coûts sont reportés et en dépit des gigantesques subventions, l'agriculture reste, pour les paysans comme pour les banquiers, une affaire démente: Aux Etats-Unis, durant certaines périodes, plus de 2000 paysans par semaines doivent quitter leur travail parce qu'ils ne peuvent pas s'adapter aux méthodes toujours plus intensives de la production de viande. Les agriculteurs ont besoin de machines de plus en plus chères et pour acheter ces machines, ils demandent toujours plus de prêts aux banques. En 1986, 160 banques aux Etats-Unis ont fait faillite, la plupart ayant été ruinées par la faillite d'entreprises agricoles.



Conclusions


Parce que la manière dont on choisit sa nourriture est quelque chose de personnel, les réflexions sur les conséquences qu'elle peut avoir ne sont pas bien accueillies. Néanmoins, cet article essaye de montrer aux personnes qui sont conscientes de leur responsabilité envers l'environnement, les conséquences écologiques et économiques d'une alimentation basée sur les produits animaux. Un système économique compatible avec un développement durable est impossible si on ne modifie pas cette situation. On peut seulement souhaiter que dans le futur, non seulement les écologistes et les personnes qui veulent prévenir la cruauté envers les animaux, vont traiter le problème de la consommation de viande, mais également les économistes et les politiciens. Pour les pionniers d'une économie libre, comme Werner Zimmermann, c'est naturel; ils ont adopté une nourriture végétarienne comme ils se sont engagés pour changer le système économique. Mais contrairement au changement du système économique, qui est une entreprise longue et ardue, chacun peut facilement modifier son alimentation.



Texte de sensibilisation émis par l'Association Suisse pour le Végétarisme (ASV)

Source : Association Suisse pour le Végétarisme www.vegetarismus.ch


Publié dans SANTE

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