UN BOMBARDEMENT STRATÉGIQUE DES ESPRITS

Publié le par camille

UN BOMBARDEMENT STRATÉGIQUE DES ESPRITS

Les attentats du 11 septembre resteront l'une des plus audacieuses tentatives de manipulation médiatique jamais orchestrée. Ils débouchent aujourd'hui sur d'inquiétantes restrictions des libertés publiques.
 
par Marc-André Cotton
 
Les techniques de contrôle psychique des populations relèvent ici d'une stratégie cruellement simple. En premier lieu, l'usage de la terreur fige les gens dans un état de choc et accroît leur réceptivité aux suggestions médiatiques. Un message unique est ensuite martelé sans relâche, tandis que tous les faits contradictoires sont soigneusement ignorés. En réponse à l'anxiété engendrée par le traumatisme, la population démoralisée est alors peu à peu invitée à abandonner sa souveraineté pour remettre son destin aux mains d'un pouvoir fort.
«On dirait Dresde!»
Le recours à l'arme psychologique de la terreur contre les populations civiles a été théorisé dans les années '30 par un groupe de psychiatres anglo-saxons, sous la direction d'un officier britannique - également psychiatre - du nom de John Rawlings Rees. Directeur dès 1932 du Tavistock Institute de Londres, Rees mit au point une technique de contrôle psychologique des masses fondée sur la formation délibérée de névroses. Selon lui, il était possible d'imposer à une population adulte un état émotionnel comparable à celui d'enfants névrosés. La seconde guerre mondiale lui donna l'occasion de tester ses théories sur des soldats américains et britanniques, pour déterminer dans quelle mesure un stress artificiel contrôlé pouvait provoquer des modifications imprévisibles de comportement (1)
Les travaux de John R. Rees et son équipe trouvèrent une application militaire directe au sein du dispositif britannique de bombardements stratégiques, qui culmina avec l'anéantissement de la ville de Dresde par l'aviation alliée, en février 1945. Cette ville - symbole de l'héritage culturel allemand - avait été choisie comme cible par l'état-major britannique pour infliger à la population civile un «message» qui briserait ses dernières forces et préparerait la capitulation. Les Allemands devaient réaliser que leurs trésors les plus chers pouvaient disparaître en quelques instants s'ils n'abandonnaient pas tout orgueil (lire notre encadré). Un demi-siècle plus tard, le nom de la cité-martyr garde encore son pouvoir d'émotion puisque, devant les ruines fumantes des deux tours du World Trade Center, un commentateur horrifié s'exclama : «On dirait la destruction de Dresde!»
 

 
 

 
 
Changements politiques radicaux.
Pionnier de la psychologie sociale, Kurt Lewin travailla également pour les Services Spéciaux américains durant la seconde guerre. Il décrit plus précisément l'impact des stratégies de terreur sur les individus: «L'alternance fréquente entre des mesures disciplinaires sévères et la promesse d'être bien traité, accompagnée d'informations contradictoires, interdit toute compréhension logique de la situation. L'individu ne peut dès lors décider si telle ou telle action va le rapprocher ou au contraire l'éloigner de ses propres objectifs. Dans ces conditions, même les individus les plus déterminés seront démobilisés par des conflits intérieurs qui paralyseront leur capacité d'action.» (2)
Dans une analyse datant de 1999, un stratège militaire américain explique pourquoi la destruction d'infrastructures civiles peut provoquer des changements radicaux dans la politique d'une nation: «Utilisée au moment opportun et au bon endroit, une seule attaque pourrait détruire la confiance que les gens placent dans leur gouvernement, dans leur armée et en eux-mêmes. Ce pourrait être une attaque décisive contre la volonté politique d'une population tout entière.» (3) Aujourd'hui, les technologies modernes de communication permettent de maximiser l'impact de telles stratégies par la diffusion en continu d'images traumatisantes, qui exercent sur le spectateur un effet hypnotique réduisant sa capacité de raisonnement.
Industrie du divertissement.
Dans les cinq dernières années, au moins une demi-douzaine de films à grand spectacle mirent en scène une attaque terroriste contre les États-Unis, le plus souvent planifiée par des ressortissants arabes. Les statistiques d'Hollywood estiment que ces films ont été visionnés par plus de cent millions d'Américains. Or le scénario de chacun d'entre eux fut supervisé par des «conseillers» dont l'expertise en matière de contre-terrorisme provenait parfois directement de la sphère militaire. Dans The Siege, un thriller datant de 1999 et dirigé par Edward Zwick, une cellule de terroristes arabes prend pour cible la ville de New York. Tandis que les attaques croissent en intensité, des images montrent le président Clinton commentant la riposte américaine contre les réseaux de Ben Laden. Finalement, New York est placée sous la loi martiale et les citoyens de type arabe sont internés dans des camps. Commentant les événements du 11 septembre, le critique de cinéma new-yorkais Anthony Lane constatait : «C'est un vrai scénario! Tout était écrit dans The Siege!» (4)
Du fait de récentes méga-fusion - Warner Brothers et AOL par exemple -, le cartel du divertissement est entre les mains de gigantesques conglomérats militaro-industriels. Véritable phénomène de masse, l'industrie du spectacle est donc bien placée pour seconder les médias d'information dans la manipulation de l'opinion publique. C'est ainsi que la 20th Century Fox du magnat de presse Rupert Murdoch produira un film de fiction comme The Siege tandis que la chaîne d'information Fox News - appartenant au même groupe - diffusera en continu des reportages «réels» sur les réseaux terroristes de Ben Laden. La réalité finit alors par dépasser la fiction.
Messe noire.
C'est dans ce contexte propice que quelques grands prêtres font leur apparition sur les petits écrans. Dans les jours qui suivirent les attaques, l'organisation de défense de la liberté d'information Fairness & Accuracy in Reporting (FAIR) dénombra plus d'une douzaine de prestations télévisées pour l'ancien directeur de la CIA James Woolsey. Les commentaires de l'ancien secrétaire d'État Henry Kissinger - aujourd'hui poursuivi pour crimes de guerre - furent aussi largement sollicités. Lorsque le ministre de la Justice John Ashcroft annonça l'abrogation de libertés fondamentales, ces mesures liberticides furent présentées par la presse écrite comme un «sacrifice nécessaire» et FAIR remarqua que deux des trois principales chaînes de TV ne mentionnèrent même pas l'évènement (lire ci-contre).
Au milieu des années '70, deux psychologues du Tavistock Institute - Eric Trist et Fred Emery - avaient déjà développé l'idée selon laquelle un groupe social, auquel on administrerait une série de chocs - tels que coupures d'électricité, krash économique ou boursier, ou attaques terroristes - d'intensité croissante, manifesterait une sorte de psychose afin de s'extraire d'une réalité traumatisante. Dans cette fuite, la télévision - qui est en elle-même une sorte de narcotique - jouerait un rôle central, permettant à une oligarchie de canaliser les sentiments de frustration liés à la perte de la souveraineté individuelle. Dans l'esprit des chercheurs, la société violente que décrit Anthony Burgess dans son livre Orange Mécanique serait la conséquence logique de plus de cinquante ans de manipulation de masse par le cinéma et la télévision. Une thèse qui semble familière à certains hommes politiques, soucieux de conserver pouvoirs et privilèges.
Marc-André Cotton
 
Source:
Lonnie Wolfe, Americans Target Of Largest Media Brainwashing Campaign In History, Executive Intelligence Review, http://www.rense.com/general15/tr.htm.
 
Notes:
1. Lire à ce propos B. K. Eakman, Cloning of the American Mind : Eradicating Morality Through Education, Huntington House, 1998, p. 193, cité par G. L. Atkinson in What is "Sensitivity Training" ? (http://www.newtotalitarians.com/WhatIsSensitivityTraining.html).
2. Kurt Lewin, Time Perspective and Morale, in G. Watson, Civilian Morale, second yearbook of the SPSSL, Houghton Mifflin, Boston, 1942. Pour une biographie résumée de Kurt Lewin, lire: http://www.sonoma.edu/psychology/os2db/history3.html.
3. Joseph Cyrulik, Asymmetric Warfare and the Threat to the American Homeland, Center for Strategic and International Studies (CSIS), Georgetown University of Washington DC, 1999.
4. Anthony Lane, New Yorker Magazine, 24.9.2001.
 
 

 
 
PATRIOTISME.
Adopté par le Sénat américain le 25 octobre dernier, le USA PATRIOT Act inaugure un nouveau crime de terrorisme intérieur pour les personnes qui s'engagent dans des actions pouvant avoir comme objectif (1) d'intimider ou de contraindre la population civile, (2) d'influencer la politique d'un gouvernement par l'intimidation ou la contrainte et (3) d'agir sur la politique gouvernementale par des destructions de masse, des assassinats ou des enlèvements.
Selon plusieurs organisations de défense des libertés, de nombreux citoyens engagés dans l'action politique sont visés par ces dispositions, en particulier les militants écologistes ou anti-mondialistes opposés à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Dès lors que le gouvernement qualifiera une action de terrorisme intérieur, les représentants de l'ordre pourront condamner toute personne soupçonnée d'apporter son soutien à cette action, même s'il s'agit simplement d'héberger un activiste. La nouvelle loi condamne en effet le recel de terroriste et le fait de soutenir matériellement le terrorisme.
Bien que les actes de désobéissance civile causant des dommages à la propriété ou mettant des vies en danger soient déjà condamnables, ils n'étaient pas considérés jusqu'ici comme des actes de terrorisme. La nouvelle loi donne à la justice fédérale la possibilité de poursuivre des crimes qui, à ce jour, relevaient d'une juridiction régionale.
(American Civil Liberties Union, http://www.aclu.org)
 
AVIONS TÉLÉGUIDÉS.
Vous êtes-vous déjà demandés comment les terroristes du 11 septembre étaient parvenus à diriger leurs appareils avec une telle précision ? Peut-être n'ont-ils même pas eu besoin de toucher aux commandes. La technologie qui permet de téléguider entièrement un avion existe et fonctionne. Le Global Hawk est un jet militaire américain sans pilote, dont l'envergure est comparable à celle d'un Boeing 737. Conçu d'abord pour des missions de reconnaissance par la firme Northrop Grummann de San Diego, l'avion vole en fonction d'un itinéraire pré-établi et fournit d'excellentes images visuelles et infrarouges en temps réel. Il est commandé depuis une station au sol, à l'aide d'un équipement radar miniaturisé. En avril 2001, le Global Hawk devenait le premier avion à traverser l'océan Pacifique sans équipage. En mai, il totalisait plus de mille heures de vol. En juillet, la US Air Force équipait le Global Hawk de missiles anti-char destinés à la campagne d'Afghanistan. Alors, y a-t-il toujours un pilote-suicide dans l'avion?
M. Co.

Publié dans MANIPULATIONS

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